Réinventer la prospective participative
Le 31 janvier, nous avons eu l’opportunité d’échanger avec Manuel Ibanez dans le cadre du projet « La pensée prospective » du partenariat Erasmus. Manuel Ibanez, géographe et écologue de formation, est aujourd’hui expert en prospective participative et en innovation pédagogique. Cofondateur de ProspectivLab, il développe des outils pour rendre la prospective accessible à tous, notamment via une ressourcerie libre et la conception de la « Fresque des Nouveaux Récits« .
Manuel Ibanez insiste sur le fait que la prospective doit donner du pouvoir aux premiers concernés, pour retisser le lien entre réflexions stratégiques et réalités de terrain. Il met en avant l’intérêt d’adapter les méthodes selon les publics : élus, agriculteurs, jeunes, chercheurs… Pour lui, il s’agit de sortir de l’abstraction et d’encourager l’exploration collective, en travaillant sur la notion de temps long, l’identification de signaux faibles et la co‑construction de scénarios.
L’une des grandes inspirations de Manuel est le biomimétisme territorial : apprendre des dynamiques du vivant pour imaginer la coopération sur les territoires et renforcer leur résilience. Il rappelle que la prospective, historiquement étatique puis devenue sectorielle et marchande, doit maintenant être réappropriée par les acteurs de terrain, au plus près des problématiques et des contextes locaux.
Au fil de la discussion, il partage l’expérience de la création du jeu de cartes de prospective, conçu pour rendre le processus plus concret, ludique et ouvert – un outil désormais diffusé en ressource libre et en cours de dissémination auprès de professionnels de l’animation et de la transition.
Manuel souligne enfin l’importance des retours d’expérience : quels outils fonctionnent avec quels publics ? Faut-il intervenir dans l’espace public, recruter des traducteurs ou animateurs de rue ? Comment tenir la participation dans la durée ? C’est dans ce partage ouvert, inspiré par la « stigmergie » (à l’image du travail collaboratif des fourmis), que la prospective participative peut, selon lui, inspirer et transformer des territoires entiers. Sa démarche fait ainsi écho à notre projet : donner le pouvoir d’agir et le sens du temps long à ceux qui expérimentent le changement au quotidien.
