Des ateliers santé & alimentation au GEM

Le tiers lieu

Le GEM est un groupe local d’entraide à Oloron-Sainte-Marie (sud-ouest de la France). Son objectif est d’apporter un espace d’accueil aux personnes socialement isolées, confrontées à des problèmes psychologiques et souvent en difficulté financière.
Le GEM est enregistré localement en tant qu’association à but non lucratif et fait partie d’un réseau national regroupant plus de 600 organisations similaires à travers le pays.

« Nous avons été chaleureusement accueillis par les membres et les animateurs de cet espace. La conscience écologique fait déjà partie de la manière dont l’établissement est géré : par exemple, ils proposent principalement des produits biologiques et locaux dans leur café. Les membres sont également invités à participer à diverses sorties et activités en nature. »

APPLICATION DE LA MÉTHODE DU DESIGN THINKING POUR FAIRE DE L'ÉDUCATION AU CHANGEMENT CLIMATIQUE

  

1 – Empathie

Pour ce type de public, très éloigné de certains enjeux environnementaux et en proie à des difficultés physiques et psychologiques quotidiennes, la phase d’empathie est particulièrement importante. Les 2 éducateurs, Dorian et Valérie, ont passé du temps avec les bénéficiaires du lieu afin de créer du lien et de mieux les comprendre.

Ils ont alors bâti un persona fictif mais représentatif du lieu:

« J’ai la cinquantaine et la vie m’a réservé beaucoup de surprises, pas toutes agréables.
J’ai subi des coups, certains physiques, d’autres psychologiques, et j’ai maintenant du mal à m’intégrer socialement et/ou au travail.
J’ai besoin de me sentir en sécurité physiquement et psychologiquement et de passer du temps avec des personnes que je connais et en qui j’ai confiance. C’est pour cela que je suis venu au GEM.
J’ai peu de revenus financiers et je ne pense pas vraiment pouvoir me permettre de faire des choix de consommation « éthiques ».
De toute façon, je ne suis pas très sensible aux questions environnementales, car j’ai d’autres problèmes personnels à gérer.
Je suis généralement intimidé lorsque je rencontre de nouvelles personnes et je peux paraître distant à première vue. Je prends le temps d’observer, mais lorsque je me sens en confiance, je m’ouvre progressivement et prends plaisir à parler aux gens.
En fait, je peux paraître froid et distant, mais j’ai un grand cœur et je reste sensible. »

2 – Définition

Suite aux premières conversations, les participants au GEM ont mentionné deux grands sujets qui les intéressent :
– alimentation et nutrition; et
– santé personnelle.


Un défi est que les membres sont déjà confrontés à d’énormes problèmes personnels. Pour eux, le GEM est un espace confortable et convivial où ils peuvent être entendus et non jugés par les autres. Les éducateurs sont donc confrontés à un dilemme moral : pourquoi et comment leur soumettre un problème aussi complexe et déprimant que le changement climatique alors qu’ils ont très peu de capacités sociales ou politiques pour résoudre ce problème, et alors que (en tant que personnes défavorisées) ils en sont les moins responsables ?

3 – Idéation

Les 2 éducateurs ont pensé qu’il serait pertinent de partir de deux sujets qui les tiennent à cœur – la santé et la nutrition – et de mettre en place des activités qui leur donneront des « trucs et astuces » pour améliorer leur vie quotidienne, pour plus de bien-être personnel et familial, en des moyens qui sont AUSSI écologiques. Par exemple : manger moins d’aliments transformés est bon pour la santé et pour la planète.

–> idée = Succession d’ateliers sur les thèmes de l’alimentation et de la santé, pour créer du lien petit à petit et sensibiliser progressivement

4- prototype et test d’une série d’ateliers

  • 12/05 = Discussion et partage sur le thème du « Changement climatique » → 6 participants – L’objectif était de permettre aux éducateurs de modifier la Carte de l’Empathie, et de choisir un angle d’approche le plus proche des préoccupations des membres du GEM
  • 13/07 = sortie apicole + discussion → 5 participants, ils ont évoqué quelques informations sur les abeilles, mais n’ont pas donné de retour sur les aspects écologiques présentés lors de la sortie. Les éducateurs ont ressenti un manque d’enthousiasme sur le sujet, ce qui a impacté leur motivation.
  • 18/07 = Sortie : visite de 2 épiceries → pour faire découvrir aux membres plusieurs magasins dans lesquels la plupart ne font jamais leurs courses et les inciter à changer leurs habitudes de consommation → 6 participants, certains étaient distraits ou silencieux. Cependant, les retours ont été positifs et passionnants, notamment via le questionnaire (anonyme). Beaucoup ont indiqué que cela les amènerait à repenser leur alimentation. Le « quoi » mais aussi le « d’où ça vient ».
  • 11/08 = Visite de la ferme Piétométi, Ogeu → pour découvrir une ferme produisant des aliments et du pain bio, et les avantages de ce type de production ultra-locale → 7 participants, une partie du groupe n’est pas restée pendant toute la visite, Plusieurs personnes du groupe ont semblé intéressées, peut-être que la visite était un peu trop « théorique », peut-être qu’une approche plus « pratique » (par exemple voir des gens au travail, et même participer – lorsque cela est possible – à la récolte de certains légumes) serait souhaitable. 
  • 18/07 = Dégustation « à l’aveugle » de différents miels des magasins visités et des magasins plus conventionnels → pour leur faire prendre conscience de ce que contient le miel industriel, de ce qu’il provoque socialement et écologiquement. Leur faire découvrir que manger mieux n’est pas forcément plus cher → 7 participants – les éducateurs ont senti qu’ils franchissaient une étape importante au niveau du lien créé avec les membres – tout le monde a apprécié l’activité – certaines informations semblaient les intéresser particulièrement (comme la réduction des effets bénéfiques du miel lorsqu’il est mis dans une boisson chaude, et plus généralement, ce qui impacte leur santé) et ils se sont posés des questions. Un réel plaisir pour les éducateurs de participer à cette activité.
  • 11/09 = Jouer au jeu de l’alimentation responsable : pour relier les points entre les thèmes abordés dans les activités précédentes, et tester si les participants peuvent trouver ce jeu utile à jouer avec les enfants dans leur familles pour partager leurs connaissances avec eux → 7 participants ont joué en 2 équipes / ambiance compétitive conviviale / les participants ont trouvé que quelques questions étaient un peu trop faciles mais ils ont montré une bonne implication et de l’intérêt (une des participantes aimerait même acheter le jeu comme cadeau de Noël pour ses petits-enfants). Il y avait une connexion chaleureuse entre eux.

 

Les enseignements

    • Les retours globaux sont encourageants et confirment le postulat de base selon lequel il est plus facile de sensibiliser ce type de personnes sur le long terme, en prenant le temps de créer du lien et de gagner leur confiance. Et qu’un seul atelier (type fresque climatique) ne fonctionnerait sans doute pas.

      Par ailleurs, la phase d’empathie est primordiale, particulièrement lorsque le persona et l’éducateur ont des vies très différentes.

      Enfin, le point d’entrée choisi (lien entre alimentation et santé) semble pertinent. Il attire l’attention des participants car il y a un enjeu personnel, puis leur permet de parler climat de manière subtile et non frontale.

      Suivi : Dorian & Valérie réfléchissent à faire une itération de cette série d’ateliers dans un autre GEM (il y a 600 GEM en France)

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